La quête de la France pour écraser les emprunts anglais

La police francophone a tendance à ne pas tirer de la hanche. Au lieu de cela, ces gardiens de la langue gauloise vont se débattre pendant des semaines, voire des mois, sur la façon de protéger le français contre un assaut de termes anglo-saxons (courrier électronique, hashtag, MP3). Et maintenant, "le smartphone".

Vendredi, le comité gouvernemental, connu localement sous le nom de Commission d'enrichissement de la langue française, a statué sur le terme, qui est devenu omniprésent en France. Ils ont évité une traduction littérale («téléphone intelligent) et a abandonné le fantôme après d’autres tentatives infructueuses, telles que “terminal de poche” et “ordiphone” (de “ordinateur”). À partir de maintenant, la Commission décrétera que les Français appelleront le smartphone «un mobile multifonction». Et si cela s'avère trop difficile, un simple «mobile» ira bien.

La France lutte contre ces fléaux linguistiques depuis des décennies. En mars 1966, sentant la menace croissante de la langue anglaise, le président Charles de Gaulle constitua le premier comité français de protection de la langue. Ce groupe de 12 à 18 personnes défendrait le vocabulaire français, lancerait des initiatives pour l’élargir et établirait des liens avec des entreprises privées spécialisées dans la coopération culturelle. Avec le temps, elle et les groupes suivants ont éteint leurs tentatives d'élargir le vocabulaire de la langue dans des directions non désirées et ont vaincu l'anglais et l'américanisme partout où ils élevaient la tête laide. Quand de nouveaux termes sont adoptés, comme multifonction mobile, ils sont officiellement annoncés dans le Journal officiel.

Mais faire tenir ces mots peut être un tout autre défi. Les Walkmans ont envahi le marché français en 1979 avec le nom de marque facilement adopté comme terme préféré par les lecteurs de cassettes de toutes les marques. Mais en 1982, le gouvernement français avait approuvé son propre terme «baladeur», un jeu sur «balader» (balader) et «ballade» (poème ou chanson). À ce moment-là, les détaillants ont exprimé leur scepticisme quant à son efficacité, mais ont accepté de le remplacer par «baladeur» dans leur matériel promotionnel. En moins de cinq ans, «baladeur» était le terme de prédilection dans les domaines du journalisme, de la publicité et de presque tous les écrits en français. La Commission n’a peut-être pas été en mesure d’empêcher “baladeur” de parler, mais elle a fait tout ce qui était en son pouvoir pour s’assurer que le mot “baladeur” était bien écrit.

Reste à savoir si la «multifonction mobile» aura le même succès. Pour chaque «baladeur» réussi, il y a au moins autant de mots anglais qui se frayent un chemin vers le français informel, puis collent-le ne bouge pas.